6 formes de Cyber-Harcèlement et comment s’en protéger
Table des matières
Qu’est-ce que le cyber-harcèlement ?
Le cyber-harcèlement ou harcèlement en ligne est un délit consistant à intimider ou à humilier de façon répétitive une personne à travers Internet. Des propos insultants, menaçants ou dégradants sont tenus à l’égard d’une victime en passant par les divers moyens de communication en ligne : réseaux sociaux, forums, blogs, chat instantané, jeux vidéo…etc.
Je reçois beaucoup trop d’appels à l’aide de victimes, et il faut que cela cesse. C’est le but de cet article qui va tenter de fournir un maximum d’explications, techniques ou non pour se protéger concrètement de toutes sortes de harcèlements.
Tout d’abord, vous avez fait un excellent choix qui est celui de vous informer. Il ne faut surtout pas attendre que cela passe en espérant qu’on arrête de vous harceler. Il ne faut pas non plus répondre àl’harceleur directement (et encore moins par la violence). Lorsque vous vous informez à ce sujet, vous apprenez que l’idéal est de déposer plainte, mais pour que l’enquête aboutisse, il vous faut des preuves, nous verrons plus tard comment en obtenir.
6 formes de Cyber-harcèlements
Selon Pew Research Center, 40% des internautes ont subi un harcèlement peu importe sa forme, dont 18% de façon sévère.
Source : https://assets.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/14/2014/10/Online-harassment1.png
Voici les 6 formes les plus courantes de cyber-harcèlement.
1. L’usurpation d’identité
Il est très (trop) facile de créer une identité en ligne en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Et d’autant plus avec les réseaux sociaux. Cela dit, le fait de se faire passer pour quelqu’un d’autre comprend une intention rarement légitime : vol de données personnelles, cyber-harcèlement…etc.
En ce qui concerne les célébrités, Facebook, Twitter et d’autres sites proposent des badges permettant de prouver l’authenticité d’un compte :
Par contre, les profils des autres utilisateurs peuvent être plus facilement usurpés. C’est là qu’il nous faut être très vigilants.
Comment se protéger contre l’usurpation d’identité ?
J’ai déjà fait plusieurs articles à ce sujet, les voici :
L’usurpation d’identité mène également à diverses autres arnaques, comme l’arnaque aux sentiments et le chantage webcam :
Enfin, un profil sur un réseau social n’est pas la seule forme d’usurpation d’identité, il peut s’agir d’un faux groupe, d’un faux site ou d’un faux sujet de discussion autour d’une personne. Il faut demander la suppression du contenu en question à l’hébergeur (on verra comment plus loin) et avertir son entourage qui pourrait devenir lui aussi victime de cette usurpation si une personne se fait passer pour vous…
2. Le Doxing (Documents Tracing)
Ce qui est mis sur Internet appartient à Internet. Et, mauvaise nouvelle, bien trop de nos données personnelles sont déjà sur Internet ! La technique du Doxing consiste à utiliser des programmes et techniques afin de récupérer des données ciblées à partir des moteurs de recherche.
Ces données permettent notamment à l’harceleur de cibler ses menaces. Aux États-Unis, beaucoup de cas de partages publics de données personnelles (adresse, nom, prénom, etc) ont été signalés. Un pirate rend disponibles sur tout l’Internet les données d’une personne afin de se venger, ou par simple malveillance.
Comme nous l’avons mentionné, les données appartiennent désormais à Internet, et même si Google ou un autre site web vous propose des « formulaires de suppression de données », celles-ci existent toujours sur Internet. De plus, elles sont faciles à récupérer et sont sauvegardées de manière légale…Plus d’informations dans le cours « Protéger sa Vie privée et son Anonymat sur Internet ».
Comment se protéger contre le Doxing ?
Bien entendu, le mieux est de ne jamais partager de façon publique des données personnelles. À défaut de l’avoir fait dans le passé, il faut à présent veiller à ce que nos informations restent sous notre contrôle en limitant au maximum l’exposition de données qu’on aimerait pas voir affichées dans toutes les rues.
Pour se protéger concrètement d’un Doxing futur, il faut vérifier tous les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux. La CNIL donne de bonnes solutions sur sa page Facebook :
Pour se protéger d’un Doxing sur des informations du passé, malheureusement, c’est plus compliqué comme je le disais plus haut…Il faut tout de même savoir que vous pouvez faire valoir votre droit d’opposition conformément à la loi « Informatique et Libertés« . Vous devez donc contacter les sites ou plateformes qui hébergent le contenu vous concernant et demander directement la suppression de vos données personnelles.
3. Le Swatting (canular téléphonique)
Ce canular téléphonique malveillant consiste à appeler la police pour signaler un crime ou un terroriste imaginaire. La personne ciblée peut se retrouver avec une porte de maison défoncée, sinon plus. Les premiers cas de swatting sont apparus aux États-Unis dans des communautés de joueurs en ligne. L’auteur d’un tel canular risque plusieurs années de prison et jusqu’à 30 000 euros d’amende en France.
De façon plus générale, les données personnelles de la victime peuvent être utilisées pour lui envoyer des lettres de menaces ou même pour lui commander des centaines de pizzas…
Comment se protéger contre le Swatting ?
Cela dépend de chaque cas, habituellement il est recommandé de changer son numéro de téléphone, son adresse IP, voire même son adresse postale. Pour les deux premiers cas, vous pouvez prendre un nouvel abonnement chez votre opérateur téléphonique et chez votre FAI.
4. Discours haineux / diffamation / trolling
Devenus populaires via les forums de discussion en ligne, les trolls sont des personnes qui cherchent volontairement à agacer les autres membres. Même s’ils sont relativement faciles à ignorer et à bannir des groupes de discussion, les trolls peuvent être bien plus que de simples personnes agaçantes.
Voici d’autres forment de harcèlements en ligne :
- Des messages menaçants peuvent être directement envoyés à la victime, notamment par messagerie privée. Des intimidations ou moqueries en ligne peuvent s’en suivre.
- Des rumeurs peuvent également être lancées par téléphone ou sur Internet.
- Les moqueries prennent diverses formes, comme le happy slapping qui consiste à lyncher une personne en publiant la vidéo sur un site.
- Une exclusion volontaire d’une personne à un site, à un jeu en ligne ou à un groupe.
Comment se protéger contre les discours haineux ?
Une récente publication sur le blog de Malwarebytes met en avant le fait que plusieurs géants du web, dont Instagram dernièrement, sont unis contre les discours haineux sur leurs plateformes respectives. Les commentaires jugés haineux via une liste de mots-clés bannis seront automatiquement cachés, avec bien sûr la possibilité d’agrandir la liste de mots-clés bannis.
Je cite :
[…] la Commission et les entreprises des TI reconnaissent que la propagation des discours haineux illégaux en ligne a des répercussions négatives non seulement sur les groupes ou les personnes qu’ils visent, mais aussi sur ceux qui s’expriment en faveur de la liberté, de la tolérance et de la non-discrimination dans nos sociétés ouvertes, et nuit au discours démocratique sur les plateformes en ligne.
Source : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-1937_fr.htm
Vous pouvez donc également signaler les messages haineux directement aux sites hébergeant le contenu comme on l’a vu dans le cas du Doxing.
5. Revenge porn
Plusieurs relations finissent mal, et plusieurs personnes se partagent des photos intimes. Vous devinez ce que donne le mix des deux : une personne se venge d’une autre en publiant des photos ou vidéos intimes de son partenaire sur Internet.
De façon plus générale, des photos ou vidéos humiliantes de la victime en mauvaise posture peuvent être publiées. Elles ne portent pas forcément sur la nudité.
Comment se protéger contre le Revenge porn ?
Dans le cas du revenge porn, la victime a l’avantage de connaître le ou la responsable. Déposer immédiatement plainte contre cette personne, tout en lui demandant de retirer le contenu dans l’immédiat peut aider à sortir de cette mauvaise situation. Tous les complices éventuels (qui visionnent ou partagent) doivent également être signalés. Les captures d’écran sont des preuves utiles dans ce cas.
6. Le cyberstalking (la traque sur Internet)
Il s’agit d’une traque répétitive sur Internet. Un individu en veut à sa victime et va la poursuivre pendant plusieurs semaines, mois ou années en lui laissant régulièrement des « indices » de son passage. Il essaye également de rester anonyme aux yeux de la victime. Le cyberstalking est une forme générale de cyber-harcèlement qui peut regrouper d’autres formes de harcèlement.
Comment se protéger contre le cyberstalking ?
Le cyberstalking étant un cas avancé de harcèlement en ligne, il vous faudra combiner plusieurs moyens de défenses cités dans cet article. Nous allons voir plusieurs autres moyens de se défendre à la fin de cet article.
Une cause récurrente souvent oubliée : les piratages
Bien que le cyber-harcèlement puisse permettre de récupérer des données en ligne sans jamais passer par la victime directement, il peut aussi (et souvent) s’agir de pirater des comptes de sa victime ou de ses proches.
Voici des messages types que je reçois, et qui montrent que les victimes se retrouvent dans de telles situations après un piratage :
Les victimes choisissent naturellement de déposer plainte, mais trop peu de preuves, trop de moyens de pression ou trop peu de moyens d’investigation rendent la situation complexe et ne font pas avancer les choses :
61% des victimes indiquent qu’elles n’ont reçu aucun soutien quel qu’il soit de la part d’organismes ou d’une personne de leur réseau personnel.
Source: rapport européen sur le cyber-harcèlement
Dans le cas où un harcèlement en ligne semble venir (ou est issu) d’un piratage, il faut que la victime se renseigne pour trouver des preuves, quitte à les chercher elle-même.
Et voici des pistes pour trouver des preuves d’un piratage :
Il est également intéressant de trouver l’adresse IP du harceleur, cela peut servir directement à la victime et lui ajouter une preuve supplémentaire si elle suspecte une personne.
Voici l’article qui en parle :
Et de façon plus générale, les piratages se repèrent et s’évitent en prenant connaissance des attaques et des moyens de protection, vous êtes donc au bon endroit.
Je vous encourage notamment à prendre connaissance d’une forme de manipulation en ligne qui est la cause de bien des piratages, il s’agit de l’ingénierie sociale.
Que faire en cas de harcèlement en ligne et comment faire en sorte que cela ne se reproduise plus ?
On a vu précédemment qu’il ne faut pas attendre, mais agir avant que les choses ne s’empirent. Voici diverses mesures à mettre en place dès que possible :
- Passer en revue les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux et autres sites contenant vos informations personnelles.
- Changer régulièrement vos adresses e-mail et vos mots de passe.
- Faire très attention aux réponses aux questions secrètes.
- Mettre à jour son ordinateur et ses logiciels.
- Vérifier la sécurité de son point d’accès Wi-Fi et changer le mot de passe Wi-Fi régulièrement.
- Utiliser un VPN pour être anonyme.
- Changer tous ses mots de passe et ses adresses e-mail si l’on quitte son conjoint.
- Limiter le nombre d’informations personnelles qu’on partage en ligne.
- Ne pas répondre à des inconnus, encore moins s’il vous demandent des informations personnelles.
- Se renseigner sur les risques et rester méfiant. Une adresse e-mail est par exemple une donnée personnelle à protéger.
- Définir des alertes Google pour être mis au courant dès lors que du contenu nous concernant est publié sur le web.
- Faire des captures d’écran en guise de preuves. Et garder quoiqu’il arrive toutes les conversations.
- Informer son entourage et son patron que l’on est victime de cyber-harcèlement.
Comment signaler le cyber-harcèlement ?
61% des victimes indiquent qu’elles n’ont reçu aucun soutien quel qu’il soit de la part d’organismes ou d’une personne de leur réseau personnel.
Source: rapport européen sur le cyber-harcèlement
« 61% des victimes de cyber-harcèlement n'ont reçu aucun soutien »Cliquez pour tweeterPartager sur FacebookPartager sur LinkedIn
Il existe plusieurs façons de signaler le cybeharcèlement. Si vous suspectez qu’une personne de votre entourage est victime de harcèlement en ligne, n’hésitez pas non plus à le signaler.
Je cite la CNIL :
Si vous êtes victime et avez moins de 18 ans :
Composez le 3020. Il est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h (sauf les jours fériés). Le numéro vert est géré par la plateforme nonauharcelement.education.gouv.fr qui propose de nombreuses ressources pour les victimes, témoins, parents et professionnels.
Si le harcèlement a lieu sur internet, vous pouvez également composer le 0800 200 000 ou vous rendre sur netecoute.fr. La plateforme propose une assistance gratuite, anonyme, confidentielle par courriel, téléphone, chat en ligne, Skype. Une fonction « être rappelé par un conseiller » est également disponible. La réponse en ligne est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 19h.
Source : https://www.cnil.fr/fr/reagir-en-cas-de-harcelement-en-ligne
L’auteur d’un harcèlement en ligne risque :
- 2 ans de prison,
- et 30 000 € d’amende.
La peine maximale est portée à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende si la victime a moins de 15 ans.
Source : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32239
Crédit image : Red-Green-Blue – artwork.karborn.com